• Cassis: Les (més)aventures de Saint-Pierre au pays de Calendal

    Belle sculpture en bois polychrome d'environ un mètre de haut, la statue de Saint-Pierre, saint patron des pêcheurs, est chère au cœur des Cassidens. Au cours de sa longue existence, elle a subi maintes agressions du temps et des éléments: emportée en décembre 1821 par un raz de marée, récupérée (miraculeusement ?) par les pêcheurs, elle fut placée fin 1822 dans sa niche de la Prud'homie où l'ont agressée le rayonnement solaire et les variations hygrométriques et thermiques. Classée monument historique en 2003, elle a été retirée de sa niche grillagée de la Prud'homie des pêcheurs, dont elle est la propriété, pour être mise à l'abri des agressions climatiques.

    Cassis: Les (més)aventures de Saint-Pierre au pays de Calendal

    La statue de Saint-Pierre, avant et après l'intervention non autorisée. /Photos C.R.

    Un rapport d'expertise établi en 2005 par M. Haddad, restaurateur agréé du patrimoine, après avoir rappelé que cet objet avait dans le passé fait l'objet de plusieurs interventions malencontreuses, proposait un protocole de restauration et conseillait pour préserver l'original une duplication destinée notamment aux processions traditionnelles. Des propositions alors restées sans suite.

    Nouvel épisode d'une histoire mouvementée, la statue a subi l'hiver dernier une intervention lourde, non autorisée, qui a consisté à la décaper entièrement à la soude, puis à la lasurer et dorer des éléments du manteau et de la tiare. Intervention qui a provoqué le mois dernier la visite d'Yves Cranga, conservateur des monuments historiques, et d'Agnès Barruol, conservatrice des antiquités et objets d'art, missionnés par la DRAC (Direction régionale des affaires culturelles), en présence de Djamel Boukhnifra et Daniel Abatzis, représentants la ville de Cassis. Tout en constatant que l'objet n'avait été ni détruit ni dégradé, mais modifié dans son aspect, les deux experts ont déploré "la perte d'une partie de sa valeur historique et esthétique, du fait de l'enlèvement de l'enduit initial de préparation du support et des multiples couches de polychromie apposées au fil des années qui constituent l'histoire de l'objet". Et que par ailleurs, "la récente intervention a été faite de manière inopportune et sans autorisation, ce qui incrimine à la fois le détenteur légal (la prud'homie) et la tutelle administrative (la ville de Cassis)."

    Mme Barruol et M. Cranga préconisent un retour de la statue "au plus proche de son état préexistant en confiant à M. Haddad, qui connaît bien l'objet, la mission de rechercher dans les moindres anfractuosités des traces de soude résiduelle, repérer des vestiges de polychromie sur la base du constat de 2005, dégager les applications de dorure et les zones lasurées où le produit a pelliculé". Dans un second temps, une concertation avec les services de la DRAC déterminera les suites de l'intervention "qui devrait revêtir les traits simplifiés de la polychromie d'origine".

    "À terme, il faudra se positionner sur une statue de substitution (réalisée sans moulage grâce à un relevé numérique en trois dimensions) qui serait à même de satisfaire les mécanismes dévotionnels s'attachant à cet objet. Cette approche permettrait de composer avec une situation délicate pouvant conduire à des poursuites pénales", poursuivent les experts. Qui ajoutent: "Les services de l'État seront vigilants et intransigeants quant au respect des actions à conduire sur l'œuvre pour sa remise en état. Aucune aide financière ne sera apportée par les services de l'État pour procéder à la mise en œuvre des préconisations."

    Claude RIVIÈRE


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