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Cassis : Le peintre Élie Boissin revisite la naissance de Marseille
Peintre de marines, plongeur et passionné d'histoire maritime, Élie Boissin est l'auteur de nombreux livres sur la Provence qui lui ont valu trois prix littéraires. Le 30 novembre, il donnera au Centre culturel une conférence intitulée "Mémoire de Marseille, du mythe à la réalité", le titre même du livre publié l'an dernier aux éditions du Temps qui passe. Un livre magnifiquement illustré par les marines du peintre qui ont fait le succès de son exposition "Mémoire de Marseille" en janvier 2011, à l'espace Bargemon.
Élie Boissin bouscule la sacro-sainte légende de la naissance de Marseille. /Photo Repro C.R.
Il y jette non sans humour - avec de nombreuses anecdotes à l'appui - un gros pavé dans la mare du Lacydon, donnant au passage un sacré coup de canif à la bonne réputation de notre cher Protis, noble fondateur grec légendaire de Massalia, chassé de Phocée (aujourd'hui Foça, en Turquie) par une fortune de guerre. Pour Élie, Protis n'était qu'un vulgaire truand athénien vivant de brigandages, à la tête d'une bande de pirates assoiffés de rapines, partis de la cité athénienne fonder une colonie en Asie mineure, avant d'être rejetés à la mer par les armées de Cyrus le Grand, le roi des Perses.
Travaillant depuis trente ans sur cette question, ayant mené ses propres recherches, documentaires et sous-marines - sur nos côtes, mais aussi en Grèce et en Turquie, l'auteur ne croit pas un mot de Platon lorsqu'il décrit la rencontre de Gyptis et Protis : "Platon est un gros menteur : il a raconté la même fable du mariage entre une princesse indigène et un homme venu de la mer pour expliquer la naissance de plusieurs autres cités méditerranéennes".
Quant à la fondation de Massalia par les Grecs en 600 avant J.C., ça ne se serait pas vraiment déroulé comme le dit la légende : "À cette époque, les Grecs n'existaient pas encore en tant que tels, mais les Athéniens, oui". Le Lacydon, enfin : "C'est dans une toute autre calanque, celle de Marseilleveyre dont le niveau de l'eau était bien plus bas qu'aujourd'hui, que Protis et ses sbires ont touché terre. Pas pour tendre la main aux autochtones, mais pour piller et envahir; je me réfère à Pline l'ancien qui décrit l'oppidum de Marseillo-Veyre (Marseille-vieux), peuplé de milliers de Ligures salyens dont Nann, le père de Gyptis, était le roi."
De quoi chahuter beaucoup d'idées reçues et susciter les controverses !
"Mémoire de Marseille, du mythe à la réalité", par Élie Boissin, le vendredi 30 novembre à 18 h 30 au Centre culturel Emmanuel-Agostini. La conférence sera suivie d'une séance de dédicace.
Tags : marseille, elie boissin, peintre
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Commentaires
Bravo à Elie, j'avais compris à Caprera en 1963 que tu étais un type qui avait de la ressource, du courage, de l'esprit ainsi que de l'imagination. Tu as su trouver ton chemin dans l'art et l'écriture. Nos itinéraires ont été différents, c'est la vie.
Claude Chevalier serait fier de toi. Amicalement Bernard L'Alsacien.