Samedi dernier, à la Maison de l'Europe et de la vie associative, l'archéologue Jean Guyon, directeur de recherche émérite au Centre Camille-Jullian du CNRS et spécialiste de l'histoire urbaine et de l'archéologie de l'Antiquité tardive, était l'invité de Gérard Gaudin, professeur agrégé d'histoire, et de l'Association des Amis du musée de Cassis, pour donner une conférence intitulée "Naissance d'une chrétienté en Provence du IV^e au VI^e siècles".

Jean Guyon a fait revivre avec talent la naissance de la chrétienté en Provence. /Photo C.R.

"L'affirmation, puis le triomphe du Christianisme, constituent les meilleurs marqueurs de l'histoire et de l'archéologie de la Provence entre le IV^e et le VI^e siècles", a affirmé Jean Guyon dans son propos introductif. Cette période, celle de l'Antiquité tardive, est née voici 1 700 ans d'une nouvelle donne politique et religieuse, lorsque Constantin range en 312 son armée sous le signe du Christ et reconnaît la liberté de culte, en particulier pour les premières communautés chrétiennes, alors très minoritaires en Gaule. "De ces événements, a affirmé le conférencier, la Provence tire amplement profit. Dès 314, le prince convoque les évêques à Arles pour un concile qui va fixer les fondamentaux de la nouvelle foi. Et c'est là qu'apparaît le nom de l'évêque de Marseille, Orésius."

Heureuse période jusqu'à la fin du V^e siècle: la Provence, terre d'accueil pour les intellectuels chrétiens se couvre d'églises et de cathédrales qui parachèvent la parure monumentale de ses villes et de ses campagnes. Mais à la fin du VI^e siècle, la Provence paraît osciller entre le monde gréco-romain dont elle est héritière et le royaume des Francs dont elle fait partie. Entre deux ères aussi, Antiquité et Moyen-Âge, car la chrétienté médiévale est alors en passe de naître.

"Réputée obscure, cette période fut en réalité aussi féconde que l'antiquité classique: baptistères d'Aix, Cimiez, Fréjus et Riez, Alyscamps d'Arles, cryptes de Saint-Victor de Marseille… Sans parler de monuments en cours de fouille, comme l'exceptionnelle cathédrale découverte dans l'enclos Saint-Césaire à Arles. Ou d'édifices disparus tel le baptistère de Marseille, l'un des plus grands d'Europe, malheureusement rasé lors de la construction de la nouvelle Major au XIX^e siècle", a conclu Jean Guyon.